“J’ai toujours été fascinée par les masques. Par les personnes qui portent le masque.

Pour moi, ces personnes accomplissent toujours beaucoup plus qu’elles ne l’imaginent. Il y a une personne sous le masque, une présence. Une vérité enfouie. Il faut l’oublier, je voudrais l’oublier, mais secrètement, je me demande toujours : Qui est-elle ?

Quand je porte le masque, je ne suis plus vraiment moi-même. Si, par malheur, sous le masque, je reviens à ce que je suis – ce moi banal du quotidien, alors le masque n’est plus qu’un objet mort. Insignifiant. Bout de chiffons, de résine ou de plastique au bras ballant, inanimé. Sans moi, ce qu’il représente n’existe peut-être plus ?

Me métamorphoser pour mieux me compléter, mieux m’aimer, pour mieux m’oublier…Me trouver une niche secrète où rechercher mon humanité perdue. Me mettre en pleine lumière. Quête fragile : s’aimer soi-même, et dans un reflet fugace, espérer être aimé par les autres.

La femme qui choisit la métamorphose…Pour un soir, elle abandonne tout ce qui la définit, tout ce qui la retient, tout ce qui l’alourdit. Devenue autre, elle n’a plus de nom, plus d’âge, plus de signe distinctif. Elle n’est ni belle, ni laide. Elle n’a ni mari, ni parents, ni enfants. Elle n’a plus d’histoire. Elle appartient à l’instant. Une identité suspendue, abolie, offerte à la nuit.

Mais derrière le masque, il y a toujours une histoire.

Prenons une femme ordinaire, dirait-on. Ou peut-être extraordinaire, mais d’une manière que personne ne remarque. Elle vit en silence, sous les regards. Regards qui jugent, qui exigent, qui pèsent, pire, qui ignorent. C’est une femme qui porte déjà un masque, celui de l’invisible, celui de celle qui endure sans un mot.

L’action se passe en Guyane...”

Joanna Belloni

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